On entend souvent parler de libido, dans des conversations mondaines, à la radio, dans tout un tas de contextes différents : mais de quoi parle-t-on ? La libido, c’est ce qu’on appelle aussi l’appétit sexuel. Il s’agit de nos pulsions, nos désirs, notre activité sexuelle, qu’elle soit réelle ou imaginaire.
Comme l’humeur, l’appétit, ou encore notre niveau d’énergie, la libido fluctue. En couple, il peut arriver que les partenaires se retrouvent dans des situations où les libidos ne sont pas « en phase ». Si vous vous posez deux secondes, deux choses vous viendront sûrement à l’esprit : d’une part l’idée (complètement fausse) selon laquelle des personnes en relation auraient toujours envie de sexe, de l’autre, et en même temps; d’autre part, des exemples de personnes qui auraient rencontré ce « problème » de libidos asynchrones et en auraient souffert.
Pourquoi ma libido fluctue ?
Il existe une multitude de facteurs qui influencent notre libido.
Elle peut varier avec l’âge, notamment en raison de changements hormonaux, ou notre niveau de fatigue physique. Certaines maladies, ou des traitements médicamenteux (antidépresseur, pilule contraceptive) peuvent provoquer une baisse de libido. La fatigue mentale joue également un rôle, selon qu’on se trouve dans un état de stress généralisé, face à des soucis financiers ou professionnels, ou encore que l’on doive gérer des problèmes relationnels.
Il est important de noter que les expériences sexuelles passées ainsi que les traumatismes sexuels jouent un rôle important sur l’appétit sexuel. Des éventuelles douleurs au moment de rapports peuvent aussi impacter négativement l’envie d’entamer lesdits rapports.
Être synchronisé·es, mythe ou réalité ?
Au regard de la multitude de facteurs qui entrent en jeu lorsqu’on analyse notre libido, il devient presque évident qu’avoir des libidos parfaitement synchrones relève de l’extraordinaire.Prenons un autre exemple : ne vous est-il jamais arrivé d’avoir envie de manger au restaurant un soir où votre partenaire aurait préféré se faire livrer à la maison ? Rien de dramatique non ? En réalité pour le sexe, c’est pareil : parfois, l’un·e a envie de sexe, l’autre non. Et c’est aussi simple que cela.
S’il est important de réaliser que l’idée selon laquelle tout coule de source et que les partenaires doivent être en osmose parfaite est une construction de toute pièce, il faut savoir reconnaître que ces divergences peuvent être sources de souffrance. Voilà quelques conseils pour vous accompagner dans ce cheminement afin d’accueillir au mieux une différence de libido avec votre partenaire.
Travailler ensemble et communiquer
Si une différence de libido se révèle être problématique pour le couple, c’est ensemble qu’il faudra s’atteler à résoudre cette difficulté. Il est important de ne pas pointer l’un·e ou l’autre du doigt.
Avant toute chose, il faut que chaque côté du couple gère sa propre culpabilité : d’une part pour la personne qui « demande », et d’autre part pour celle qui « refuse ». Il n’y a pas de responsabilité individuelle dans cette question, de la même manière qu’il n’existe pas de niveau normal de désir sexuel. Sortir de la pathologisation permet de se concentrer sur ce qui pose réellement problème chez l’un·e et chez l’autre.
Vous le savez, communication is key. Votre partenaire ne peut pas lire dans vos pensées, ni deviner si vous êtes frustré·e, ou ce que vous désirez. Le silence ne fait qu’aggraver les choses, en créant une accumulation de ressentiments. Enfin, gardez en tête d’aller au-dela du reproche pour exprimer ce que vous ressentez, ce que vous vivez mal.
Afin d’exprimer clairement ce qui vous chagrine, une petite introspection peut se révéler très utile. Pour la personne qui dit non, posez-vous la question de savoir ce qui vous pèse ? Êtes-vous satisfait·e de la fréquence de vos rapports sexuels ? Luttez-vous contre certains préjugés ? Pour la personne qui demande, posez-vous la question de ce qui vous manque lorsque votre partenaire ne veut pas de rapport ? Parfois, ce sont des choses plus profondes qui se jouent : avez-vous besoin d’être rassuré·e ? de vous sentir aimé·e ? désiré·e ?
En vous posant ces questions, vous pourrez peut-être identifier que vos tourments sont causés par une pression externe (réelle ou imaginée) : est-ce qu’on fait assez l’amour ? est-ce que moins faire l’amour c’est signe d’une relation qui va mal ?
L’intimité au-delà du sexe
Amour et sexe ne sont pas synonymes, ni indissociables. Non, même en couple, avoir des rapports sexuels ne va pas forcément de soi.Il existe d’innombrables manières de cultiver l’intimité au sein du couple. Libre à vous d’essayer de nouvelles pratiques, d’explorer, de découvrir ! À titre d’exemples : la masturbation réciproque ou mutuelle, tester le sexe non pénétratif, prendre des douches ensemble, se faire un massage… ou simplement se retrouver à deux, dans un cadre privilégié. En réalité, vous avez l’opportunité d’explorer d’autres façons de se connecter avec votre partenaire ainsi qu’avec vous-même.
En résumé :
- déculpabiliser
- introspecter : qu’est-ce qui me pose réellement problème
- communiquer
- coopérer
- explorer
Enfin, gardez en tête qu’il existe de nombreuses ressources pour accompagner les couples. Si vous ressentez une souffrance, le mieux estt d’en parler avec un·e sexologue spécialisé·e dont c’est le métier d’aider les couples à surmonter ce genre de challenges.